Thursday, June 26, 2008

Une famille instantanée


Avoir un seul enfant, pour moi, ce n'était pas assez. J'en ai toujours voulu au moins deux. En fait, si j'étais seul à décider, ce serait sans doute exactement deux. Quoi que... Les deux premières me plaisent tellement que l'idée d'un troisième ne m'effraye plus tant que ça. Ce ne sera quand même pas tout de suite, laissez moi souffler (enfin, si on peut dire que ma vie actuelle me permet de souffler), surtout que, vu notre passé, nous avons une probabilité au dessus de la moyenne de faire des jumeaux à la prochaine grossesse. Pff, j'ai beau aimer le sport, je préfèrerais éviter...

Bref, quoi qu'il en soit, un seul enfant, ça ne m'a jamais semblé suffisant pour constituer une famille complète. Tout ça pour dire que je tire une grande satisfaction d'avoir eu deux enfants d'un coup. Depuis l'échographie qui nous a révélé deux petits battements de coeur, j'adore cette idée de famille instantanée.

P.S. : Il faudra que je raconte un jour cette échographie et l'annonce de la nouvelle, ça en vaut la peine. Remarque : vous avez déjà un avant goût dans mon tout premier message.

Saturday, June 21, 2008

Le soir, après la bataille

Que faisions nous de nos journées avant?

Les jours de semaine, nous passons une heure le matin à nous occuper de nos filles et deux heures le soir à donner le bain, lire des livres, donner à manger et gagatiser joyeusement. Il faut rajouter une petite demi-heure de rangement après leur coucher. Nous consacrons donc trois heures trente par jour à nos filles (en semaine et quand elles ne sont pas malades). J'ai du mal à l'écrire, parce que je culpabilise en me disant : "Quoi, seulement trois heures trente". Pourtant, je pense que nous sommes plutôt bien lotis : nous avons très peu de trajets et des boulots aux horaires convenables (quasiment jamais plus de 9h de présence sur place et souvent plutôt 8H) et beaucoup de parents qui travaillent aimeraient pouvoir passer autant de temps avec leurs enfants. Malgré cela, ça me parait toujours trop peu quand je l'énonce. Je me demande si la parentalité sera toujours un peu synonyme de culpabilité pour moi.

Ceci dit, il m'est arrivé quelques fois de me retrouver seul avec mes deux filles pour un ou deux jours, parce qu'elles étaient malades. J'ai alors passé le maximum d'heures possibles par jour à me faire tousser dessus par deux petites personnes ne maîtrisant plus ni leurs humeurs, ni leurs sphincters. Je peux vous assurer qu'après ça, j'aspirais à une bonne vieille journée de travail. Sans culpabilité... Non, vraiment, merci, aucune.

Pour en revenir à l'organisation journalière, il faut retenir que nous consacrons trois heures par jour à des activités inconnues auparavant. Et pourtant, notre qualité et notre quantité de travail n'ont pas vraiment changé. J'ai même l'impression que nous faisons plus de choses utiles à côté de nos boulots : pour l'instant, nous travaillons souvent le soir, j'étudie pour mon job et Mon Amour rédige un mémoire. En fait, une grande question me taraude. Autrefois, en ce lointain temps où nous n'avions pas de jumelles, nous nous sentions parfois débordés. Comment est-ce seulement possible ? Que faisions nous de nos journées avant ?

P.S.: Est-ce que quelqu'un connaît un moyen pour éviter qu'un bébé vous bave dessus quand vous le portez ? J'en ai un peu assez de la tâche morveuse qui orne l'épaule droite de tous mes t-shirts.

Monday, June 16, 2008

Accouchement (5)


Heureusement, après vingt quatre heures en couveuse, G. nous rejoint dans la chambre de la maternité. Je dis nous, parce que moi aussi, je dors là bas, sur un lit pliant. Enfin, dormir, c'est vite dit. Vu leurs petits poids, nos crevettes doivent manger toutes les trois heures, alors qu'un double repas prend environ une heure trente. Il nous reste alors, si tout va bien, une heure trente de sommeil à prendre entre les têtées. Je ne vous dis pas ce qu'on pète la forme...

En outre, au début, en plus des visites, les examens abondent. Echographie crânienne pour A (on l'a sortie avec une ventouse), échographie des reins pour G (elle fait moins de 2.5kg), examen pédiatrique global, otoémissions (pour dépister la surdité), taux de bilirubine (pour la jaunisse). Chaque examen provoque du stress : est-ce que tout va bien ?

Evidemment, parfois ça coince. Le taux de bilirubine de A. se révèle trop élevé, il faut la passer aux UV. Pas bien grave en soi, ça arrive à plein de bébés, mais l'appareil impressionne (voir photo). Ses otoémissions ne répondent pas d'un côté. Le spectre d'une surdité partielle nous hante. Ca durera 3 semaines jusqu'à ce qu'enfin, elle "réussisse" l'examen. G. de son côté présente un petit "clic" de hanche, autrement dit, sa jambe ne serait peut-être pas bien emboîtée dans sa hanche. Heureusement, une nouvelle écho nous rassurera.

Par dessus tout, leur poids nous inquiète. La courbe de croissance d'un bébé décroît toujours juste après la naissance, mais en cas de petit poids, il faut minimiser cette période. Du coup, en plus du sein, elles reçoivent des compléments de lait, à la seringue (par la bouche et sans aiguilles, je vous rassure). Nous commençons à guetter l'heure de la balance avec angoisse. Ca va durer quelques mois.

Rapidement, la réalité nous apparaît clairement : nous sommes devenus responsables de deux vies.

Wednesday, June 4, 2008

Accouchement (4)


Après la naissance des filles, le personnel médical diminue très vite en nombre. Ne restent qu'une infirmière et notre gynéco qui vérifie que le placenta est bien entièrement sorti. Franchement pas très frais, ça m'évoque du foie de veau, mais bon, je commence déjà à m'habituer. Fini le propre, l'immaculé et l'imaginaire, je me retrouve en plein dans l'humain, le physique.

Mes deux bébés tout neufs reposent directement sur la poitrine de leur Maman. Toutes calmes, elles ouvrent de temps en temps de grands yeux. L'infirmière essaye de lancer une première têtée pour chacune. G. s'y met rapidement, c'est ce qui lui a valu son surnom de "Reine de la tête", qu'elle méritera amplement par la suite. Evidemment, à ce moment, elle ne trouve pas encore beaucoup de lait, mais il paraît que si cette première têtée se passe bien, l'allaitement en est facilité. A. par contre, a un peu du mal. L'infirmière lui montre, ainsi qu'à sa Maman, comment s'y prendre, mais elle s'assoupit un peu.

Il est environ huit heures et il règne une ambiance étonnament apaisée, après le tourbillon de l'accouchement. Je passe les premiers coups de téléphone à la famille. Je ne me rappelle pas ce que j'ai dit, mais sans doute rien à la mesure de l'évènement. Je descends dix minutes à l'entrée de l'hôpital où mes parents et mon frère attendent depuis des heures. L'hôpital a fermé ses portes pour la nuit et ils sont un peu esseulés dans le hall. On s'embrasse, on est heureux, un peu hébétés, on s'aime. Malheureusement ils ne peuvent pas monter encore. Je remonte.

Mes filles ne pèsent pas très lourd, 2,5kg pour A. et 2,3kg pour G., moins que prévu à l'échographie. Du coup, leur glycémie est surveillée de près (on leur prélève de petite gouttes de sang en les piquant aux doigts) . Et malheureusement, pour G., ça diminue, en même temps que sa température. La pédiatre vient nous expliquer qu'il va falloir la mettre en couveuse même si elle ne l'inquiète pas trop. C'est quand même LA mauvaise nouvelle, le dernier écueil qu'on aurait voulu éviter, après la prématurité et la césarienne. On nous déménage vers la maternité avec A. pendant que G. monte d'un étage en néonatologie.

Heureusement, ce service permet l'accès aux parents à volonté. C'est mon Amour qui monte en premier et qui laisse un t-shirt à elle là-bas pour que G. sente l'odeur de sa Maman. On lui a mis une perfusion pour qu'elle ait du sucre. Toute sa petite main est enturbannée pour qu'elle ne puisse pas enlever le tuyau. Pendant ce temps, A. dort deux étages plus bas. Mon Amour et moi, nous voudrions tous les deux être aux deux endroits en même temps.

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