Friday, November 7, 2008

L'annonce (1)



Après le test de grossesse positif de Mon Amour, nous partons en vacances. Pendant ce temps, nous fantasmons sur ce bébé qui va nous arriver, nous lui trouvons un petit surnom, et Mon Amour passe la moitié de ses journées à se reposer de la fatigue de ce début de grossesse.

Le premier rendez-vous chez la gynécologue n'a donc pas lieu tout de suite. En plus c'est l'été et elle n'est pas disponible rapidement. La grossesse a donc déjà trois mois quand nous y allons pour la première fois.

Le rendez-vous commence par un petit entretien durant lequel la gynécologue nous rappelle les étapes classique : échographie à trois mois pour vérifier la "clarté nucale" (pour surtout écarter la possibilité d'une trisomie) et à six mois pour vérifier la morphologie (pour vérifier la bonne formation des organes, compter les yeux, tout ça ...). Nous avions pas mal lu avant, et étions préparés à ces idées. Nous ne nous stressons donc pas trop. Le rendez-vous se poursuit par un examen gynécologique pendant lequel je me tiens à côté de Mon Amour. Tout va bien, rien de spécial.

La gynéco nous dit alors : "Eh bien, maintenant, on va le regarder". Nous n'avions pas compris qu'elle avait un appareil d'écho à disposition. Nous sommes contents, mais un peu affolés. Mon Amour m'attrape bien fort la main, et on y va. La gynéco place la sonde sur le ventre. Je pense qu'à ce moment, elle est déjà fixée, mais elle nous dit "On ne voit pas très bien, on va mettre la sonde en vaginal". Elle place sa sonde en discutant et en regardant sur son écran, que nous ne voyons pas. D'un coup, elle devient plus sérieuse, plus silencieuse. Nous aussi...

Elle nous demande : "Est-ce que vous êtes prêts à toutes les possibilités ?"

Cette phrase là, je m'en souviendrai toute ma vie.

Nous nous regardons, nous préparant déjà à la mauvaise nouvelle : son coeur ne bat pas, il a deux têtes (ce n'était pas loin finalement), ou encore: "Ah, désolé, finalement ce n'était que de l'aérophagie."

L'un de nous deux doit chuchoter une vague approbation. La gynéco tourne l'écran vers nous et demande à Mon Amour ce qu'elle voit (elle s'y connaît un peu). Personnellement, je vois une peinture abstraite en noir et blanc avec peut-être, là dans un coin, un petit coeur qui bat.

Mon Amour ne voit pas trop. "Et si je déplace la sonde comme ça ?". Là Mon Amour s'aperçoit qu'une certaine tâche plus foncée vient en fait de se séparer en deux parties.

- Mais, euh, il y en a deux ?!?! .... .... Des jumeaux ?
- Oui, c'est ça.

J'éclate de rire. Je ne me rends pas du tout compte de ce qui vient de me tomber dessus. Mon Amour est knock out. Elle pleure un peu. Elle se rend manifestement un peu mieux compte que moi, vu qu'elle parle de déménager et de changer de voiture. La gynéco s'exclame : "Ca, c'est la meilleure de la journée !". Après coup, je me dirai que pour nous, c'était sans doute la meilleure de notre vie...

Ensuite, je ne me rappelle pas de tout, mais Mon Amour elle se souvient surtout de deux choses que la gynéco lui dit. D'une part, ce ne sont plus neuf kilos qu'elle est autorisée à prendre, mais bien dix-huit kilos ... Youpie. D'autre part, la grossesse va demander une surveillance plus rapprochée et le rythme des échographies vient de passer à une par mois... Re youpie.

C'est en sortant de la consultation qu'elle me demande : "Tu ne m'en veux pas ? "

Mais non, je ne t'en veux pas. Evidemment que je ne t'en veux pas, grande nouille ! En fait, déjà à ce moment là, je suis enthousiasmé. Quelque part, au fond de moi, je pense totalement irrationellement qu'on s'aimait trop fort pour qu'il n'y ait qu'un seul bébé.

Saturday, November 1, 2008

Ecole (2)


Nous avons téléphoné à plusieurs écoles maternelles pour savoir si on pouvait visiter et venir discuter du processus d'inscription. Nous avons débarqué à notre premier rendez-vous la fleur au fusil. Après cinq minutes cependant, j'avais déjà les mains un peu moites : tout d'abord, pour se mettre en jambe, nous avons reçu une brochure d'une dizaine de pages, le projet pédagogique, à potasser à la maison. Ensuite, nous avons discuté de l'inscription. Apparemment, nous étions encore à temps (je le rappelle : en octobre, onze mois à l'avance), mais tout juste. A partir du début novembre, les enfants prioritaires peuvent déjà être inscrits (ceux qui ont un frère ou une soeur dans la même école, les enfants du personnel ou les enfants handicapés). Et normalement, selon la directrice, à partir du 15 novembre, les autres peuvent tenter de s'inscrire. Tenter parce que "l'année passée, il fallait faire la file et en deux heures, il n'y avait plus de place". "Et cette année, ce sera sans doute une centrale téléphonique, soyez prêts à changer de nom d'école si au moment du coup de fil, on vout dit que l'école choisie est déjà pleine". Pfff... Au revoir, chère insouciance.

Bon, ensuite, ça m'a semblé beaucoup plus agréable. Nous avons visité l'école, classe par classe et c'était tout un nouveau monde qui nous apparaissait, ou plutôt, réapparaissait en direct de notre enfance. C'est adorable une école : mobilier de petite taille ( j'aurais bien mis "mobilier nain", mais ce n'est pas politiquement correct), lits de sieste, étagères étiquetées, dessins au murs, réfectoire, bibliothèque, cours de récréation... En plus, l'énergie bien canalisée des enfants, c'est tellement enthousiasmant. Quel plaisir d'entendre toute une classe vous dire "Au revoir Monsieur", comme un jeu, ou d'en voir une autre toute concentrée sur la construction de hérissons en pinces à linge. Finalement, j'attends la période des cartables et des copains avec impatience. J'adore pouvoir revivre ça à travers mes enfants.

Nous sommes repartis de là avec l'idée de rappeller le 3 novembre, après les vacances de la Toussaint pour connaître les modalités finales de l'inscription. Eh bien, nous sommes le 4 novembre et nous ne sommes toujours pas sûrs. Au téléphone, l'école m'a dit que la date n'était pas encore fixée, que ce serait sans doute en janvier, qu'il fallait rappeller , mais qu'apparemment ce serait bien par un central téléphonique que ça fonctionnerait. Glups ...

Le système serait le même que pour le secondaire, dont on parle tant dans les journaux en Belgique pour l'instant (et lègèrement différent de celui décrit par la directrice) : durant quinze jours, les parents pourront téléphoner pour inscrire leur enfant à une école et ensuite, si le nombre d'inscrits dépasse le nombre de places, les heureux élus sont tirés au sort. Du coup, pour être sûr d'avoir une place dans une école vous convenant, vous avez intérêt à inscrire vos enfants à plusieurs écoles en parallèle. Honnêtement, je ne vois pas quel argument moral pourrait me pousser à ne pas le faire.

Un point me chiffonne quand même : peut-il arriver qu'une de mes jumelles soit acceptée dans une école et l'autre pas ? J'imagine que non et que si l'une est tirée au sort, l'autre gagne aussi le précieux sésame. Si j'ai raison, nous avons deux fois plus de chance qu'une autre famille. Non, non, je ne jubile pas....

P.S. : pour les modalités d'inscriptions, le système est encore à confirmer... Je ne suis pas le Moniteur Belge

Saturday, October 25, 2008

Ecole (1)

Mes filles ont à peine 20 mois et déjà, il nous faut penser à chercher une école. Elles sont nées en février et font donc partie de ce groupe d'enfants dont on ne sait pas très bien si il faut les mettre en première maternelle à 2 ans et demi ou à trois ans et demi. Pour notre part, nous avons décidé de ne pas les presser, dans l'idée que le stress commencerait bien assez tôt dans leur vie.

Nous voudrions donc leur faire commencer l'école en classe d'accueil à 3 ans et les garder à la crèche jusqu'à ce moment là malgré le coût plus important. Deux raisons principales :
- Elles sont encadrées de plus près. Mon coeur se serre un peu à l'idée de les faire passer à deux ans et demi d'un encadrement avec deux puéricultrices pour 10 enfants à un autre avec une institutrice pour 10 à 20 enfants.
- Les horaires sont quand même plus faciles à gérer pour nous. Je ne sais pas encore très bien comment on va arriver à s'organiser avec la fin de l'école qui tombe aussi tôt que 15H30.

Le problème des horaires d'écoles, tous les parents en parlent. Apparemment, trois solutions s'offrent à nous : l'un de nous arrête de travailler à 15H00 (pas vraiment au programme, ça), on paye quelqu'un pour s'occuper de nos enfants après l'école (ça s'annonce au moins aussi rigolo que de trouver une babysitter), ou on utilise les systèmes de garderie. A ce propos, ma belle-soeur m'a un peu refroidi. Elle m'a gentiment expliqué que dans l'école de ses enfants, plutôt bien cotée par ailleurs, la garde d'une trentaine d'enfants était assurée par des étudiants, pas du tout formés pour ça, et se bornait principalement à s'assurer que tout le monde survivait entier jusqu'à 18H00. Enthousiasmant.

Quoi qu'il en soit, idéalement, elles commenceraient l'école en février 2010. Du coup, elles doivent être inscrites pour la rentrée 2009. Nous nous y prenons donc un peu moins d'un an à l'avance. Ca devrait être largement suffisant, non ?

Eh bien, pas tant que ça....

(A suivre .... )

Tuesday, October 14, 2008

Livres d'enfants


Le jour de l'anniversaire de Mini-Loup tombe un mercredi cette année. Quand il se réveille, son Papa est à la cave, le chalumeau en main, en train de lui fabriquer une voiture à pédale et sa Maman est à la cuisine, en train de lui préparer un gateau. Mini-Loup a oublié que c'est le jour de son anniversaire. et il va donc pester un peu toute la journée, jusqu'à la fête suprise du soir.

Reprenons calmement. On est MERCREDI, la maman de Mini-Loup va passer TOUTE LA JOURNEE à faire des gâteaux à la cuisine, et DES LE REVEIL de mini-loup, probablement VERS 7H00 DU MATIN, son papa FABRIQUE DE SES MAINS UNE VOITURE A PEDALE. Non mais FRANCHEMENT, c'est de la PROVOCATION ou quoi ?

Dans la vraie vie, les parents foncent toute la journée pour essayer de caser une journée de travail acceptable entre le début et la fin de la crèche ou de l'école. Les jour d'anniversaire, ils sont bien heureux de trouver durant leur pause de midi un jouet acceptable dans un magasin à proximité de leur boulot et un gâteau dans une boite en plastique transparent.

C'est le côté exaspérant des livres d'enfants. Par exemple, vous en connaissez beaucoup qui se passent en ville ? Pourquoi est-ce que c'est toujours aussi champêtre ? A ma connaissance, largement plus de la moitié des gens vivent en ville, et probablement en appartement. Ras-le-bol de tous ces petits jardins à pommiers et barrières blanches. Je ne connais personnellement personne qui vive dans de tels décors d'épisode de Winny l'Ourson. Et vous ?

P.S. : Pour Mini-Loup, je n'invente rien, voyez :l'anniversaire de Mini-Loup.

Monday, October 6, 2008

Ca ira mieux quand ....


  • "Ca ira mieux quand elles feront leur nuit."

  • "Ca ira mieux quand elles marcheront. "

  • "Ca ira mieux quand elles auront six mois."

  • "Ca ira mieux quand elles auront un an. "

  • "Ca ira mieux quand elles auront deux ans. "

  • "Maintenant, je peux te le dire, avant cinq ans, ça m'a semblé difficile... "



Et si on essayait d'en profiter tout de suite ? Notre vie, l'enfance de mes filles, c'est maintenant.

Sunday, September 28, 2008

Tellement belles (4)



Sur cette photo, elles ont dix huit mois. Vous pouvez comparer avec les précédentes (ici, ici et ici). Elles grandissent, hein ?

Tuesday, September 23, 2008

Super Papa


Je vais mettre ma modestie de côté. Je suis très fier d'être père de jumelles. J'ai l'impression d'être un super papa.

D'abord, je suis fier d'être capable de gérer deux bébés en même temps, alors que je ne cesse de voir des hommes débordés à la simple idée de devoir gérer une unique couche sale. Et même, en dehors de ça, il en faut beaucoup pour m'impressionner :

- Tu fais des marathons/du parachute/ de la plongée ? Viens dormir moins de 6 heures par nuit pendant trois mois, fais toi vomir dessus tous les jours. Là, au moins tu sauras ce que c'est que de dépasser ses limites.

- Tu as une super Alfa Romeo ? D'abord, j'ai une poussette de compet', super légère, super pratique, avec deux vraies places. Une merveille de technologie dans des matériaux de pointe. Et tu devrais voir dans la rue ce qui attire le plus les regards féminins... Ensuite, j'attends avec impatience le jour où tu devras y placer une poussette ou même simplement un canapé. Je rigolerai bien avec ma Berlingo. Enfin, devine qui se fait un corps d'athlète en ahanant dans les pentes ?

- Tu gagnes plus d'argent que moi ? Et combien d'heures tu passes avec ta famille, ou même simplement ta moitié par mois (Est-ce que tu as seulement un truc comme ça) ?

- Tu fais de la musique/de la peinture/du macramé ? Et tu penses vraiment que tes macramés viendront te rendre visite dans ta maison de retraite ?

Franchement, je ressens souvent qu'être Papa de jumelles fait de moi quelqu'un de spécial. Le simple fait de m'en sortir vivant me donne un petit sentiment de supériorité. Non pas que j'aie vraiment eu le choix, remarquez bien. En plus, quand je vois mes filles tellement mignonnes et intelligentes, en toute objectivité bien sûr, je me dis que je dois bien y être pour quelque chose, même partiellement.

Tout cela compense largement les efforts que j'ai consentis. Dire qu'avant, je ne comprenais pas forcément pourquoi on pouvait être fier de ses enfants.

Les temps changent...

(Wow ... cette conclusion... Ca c'est de la banalité de classe internationale !!!)

Sunday, September 14, 2008

Trajets



J'ai un peu la hantise des trajets en voiture avec mes filles.

Bon, évidemment, il y a d'abord les chargements et les déchargements qui prennent toujours pas mal de temps. Surtout que la quantité de paquets nécessaires pour un départ d'une nuit est quasiment aussi importante que pour une semaine (vu qu'il faut en général emmener les lits, le matériel de bain, les jouets, la poussette et pas mal de vêtements de rechange...).

Ensuite, parfois, tout va bien, elles prennent leur pouce et s'endorment calmement ou babillent tranquillement à l'arrière, voire rient en se faisant des signes mutuellement. Dans ces cas là, les plus fréquents, elles sont vraiment adorables.

Par contre, ça peut être très énervant. Si leur humeur est à geindre, chouiner, hurler, grogner ou encore nous marteler affectueusement le dos avec leurs pieds, j'ai deux solutions pour faire face : soit je conduis, en travaillant mon futur ulcère parce que je ne peux pas intervenir, soit je ne conduis pas et je me tords le dos pour ramasser les livres, gobelets, doudous et autres qu'elles jettent par terre avant de leur rendre, espérant que ces menues offrandes compenseront la terrible offense que nous leur avons faite en les attachant. En plus, dernièrement, avec le stress de mon changement de boulot, j'ai à nouveau fait des torticolis et des douleurs dans le dos (que n'arrangent pas le portage régulier de deux choupettes de 11 kilos). On pourrait espérer que la souffrance endurée pourrait émouvoir leur colère... Mouais, parfois j'ai l'impression que j'aurais plus de succès avec un colibri enragé.

Faire les trajets quand elles ont sommeil, aux heures des siestes ou, si c'est un long trajet, à l'heure où elles se mettent au lit d'habitude pourrait sembler être une solution. En pratique, ça fonctionne plutôt bien, mais il faut quand même encore bien croiser les doigts pour que la mise au lit à l'arrivée se passe bien. Il nous est arrivé de nous retrouver avec deux choupettes en super forme à une heure du matin, se demandant bien pourquoi Papa et Maman ne joueraient pas à tirer leurs chaussettes, là, tout de suite, maintenant.

Au fond, c'est sortir de ma routine confortable que j'ai un peu du mal à faire. Pourtant, au bout des trajets, se passent souvent les moments les plus mémorables de l'année : vacances, soirées entre amis, sorties familiales. Ca vaut bien un petit lumbago ou un petit ulcère.

Saturday, August 2, 2008

Paresse d'été

Thursday, June 26, 2008

Une famille instantanée


Avoir un seul enfant, pour moi, ce n'était pas assez. J'en ai toujours voulu au moins deux. En fait, si j'étais seul à décider, ce serait sans doute exactement deux. Quoi que... Les deux premières me plaisent tellement que l'idée d'un troisième ne m'effraye plus tant que ça. Ce ne sera quand même pas tout de suite, laissez moi souffler (enfin, si on peut dire que ma vie actuelle me permet de souffler), surtout que, vu notre passé, nous avons une probabilité au dessus de la moyenne de faire des jumeaux à la prochaine grossesse. Pff, j'ai beau aimer le sport, je préfèrerais éviter...

Bref, quoi qu'il en soit, un seul enfant, ça ne m'a jamais semblé suffisant pour constituer une famille complète. Tout ça pour dire que je tire une grande satisfaction d'avoir eu deux enfants d'un coup. Depuis l'échographie qui nous a révélé deux petits battements de coeur, j'adore cette idée de famille instantanée.

P.S. : Il faudra que je raconte un jour cette échographie et l'annonce de la nouvelle, ça en vaut la peine. Remarque : vous avez déjà un avant goût dans mon tout premier message.

Saturday, June 21, 2008

Le soir, après la bataille

Que faisions nous de nos journées avant?

Les jours de semaine, nous passons une heure le matin à nous occuper de nos filles et deux heures le soir à donner le bain, lire des livres, donner à manger et gagatiser joyeusement. Il faut rajouter une petite demi-heure de rangement après leur coucher. Nous consacrons donc trois heures trente par jour à nos filles (en semaine et quand elles ne sont pas malades). J'ai du mal à l'écrire, parce que je culpabilise en me disant : "Quoi, seulement trois heures trente". Pourtant, je pense que nous sommes plutôt bien lotis : nous avons très peu de trajets et des boulots aux horaires convenables (quasiment jamais plus de 9h de présence sur place et souvent plutôt 8H) et beaucoup de parents qui travaillent aimeraient pouvoir passer autant de temps avec leurs enfants. Malgré cela, ça me parait toujours trop peu quand je l'énonce. Je me demande si la parentalité sera toujours un peu synonyme de culpabilité pour moi.

Ceci dit, il m'est arrivé quelques fois de me retrouver seul avec mes deux filles pour un ou deux jours, parce qu'elles étaient malades. J'ai alors passé le maximum d'heures possibles par jour à me faire tousser dessus par deux petites personnes ne maîtrisant plus ni leurs humeurs, ni leurs sphincters. Je peux vous assurer qu'après ça, j'aspirais à une bonne vieille journée de travail. Sans culpabilité... Non, vraiment, merci, aucune.

Pour en revenir à l'organisation journalière, il faut retenir que nous consacrons trois heures par jour à des activités inconnues auparavant. Et pourtant, notre qualité et notre quantité de travail n'ont pas vraiment changé. J'ai même l'impression que nous faisons plus de choses utiles à côté de nos boulots : pour l'instant, nous travaillons souvent le soir, j'étudie pour mon job et Mon Amour rédige un mémoire. En fait, une grande question me taraude. Autrefois, en ce lointain temps où nous n'avions pas de jumelles, nous nous sentions parfois débordés. Comment est-ce seulement possible ? Que faisions nous de nos journées avant ?

P.S.: Est-ce que quelqu'un connaît un moyen pour éviter qu'un bébé vous bave dessus quand vous le portez ? J'en ai un peu assez de la tâche morveuse qui orne l'épaule droite de tous mes t-shirts.

Monday, June 16, 2008

Accouchement (5)


Heureusement, après vingt quatre heures en couveuse, G. nous rejoint dans la chambre de la maternité. Je dis nous, parce que moi aussi, je dors là bas, sur un lit pliant. Enfin, dormir, c'est vite dit. Vu leurs petits poids, nos crevettes doivent manger toutes les trois heures, alors qu'un double repas prend environ une heure trente. Il nous reste alors, si tout va bien, une heure trente de sommeil à prendre entre les têtées. Je ne vous dis pas ce qu'on pète la forme...

En outre, au début, en plus des visites, les examens abondent. Echographie crânienne pour A (on l'a sortie avec une ventouse), échographie des reins pour G (elle fait moins de 2.5kg), examen pédiatrique global, otoémissions (pour dépister la surdité), taux de bilirubine (pour la jaunisse). Chaque examen provoque du stress : est-ce que tout va bien ?

Evidemment, parfois ça coince. Le taux de bilirubine de A. se révèle trop élevé, il faut la passer aux UV. Pas bien grave en soi, ça arrive à plein de bébés, mais l'appareil impressionne (voir photo). Ses otoémissions ne répondent pas d'un côté. Le spectre d'une surdité partielle nous hante. Ca durera 3 semaines jusqu'à ce qu'enfin, elle "réussisse" l'examen. G. de son côté présente un petit "clic" de hanche, autrement dit, sa jambe ne serait peut-être pas bien emboîtée dans sa hanche. Heureusement, une nouvelle écho nous rassurera.

Par dessus tout, leur poids nous inquiète. La courbe de croissance d'un bébé décroît toujours juste après la naissance, mais en cas de petit poids, il faut minimiser cette période. Du coup, en plus du sein, elles reçoivent des compléments de lait, à la seringue (par la bouche et sans aiguilles, je vous rassure). Nous commençons à guetter l'heure de la balance avec angoisse. Ca va durer quelques mois.

Rapidement, la réalité nous apparaît clairement : nous sommes devenus responsables de deux vies.

Wednesday, June 4, 2008

Accouchement (4)


Après la naissance des filles, le personnel médical diminue très vite en nombre. Ne restent qu'une infirmière et notre gynéco qui vérifie que le placenta est bien entièrement sorti. Franchement pas très frais, ça m'évoque du foie de veau, mais bon, je commence déjà à m'habituer. Fini le propre, l'immaculé et l'imaginaire, je me retrouve en plein dans l'humain, le physique.

Mes deux bébés tout neufs reposent directement sur la poitrine de leur Maman. Toutes calmes, elles ouvrent de temps en temps de grands yeux. L'infirmière essaye de lancer une première têtée pour chacune. G. s'y met rapidement, c'est ce qui lui a valu son surnom de "Reine de la tête", qu'elle méritera amplement par la suite. Evidemment, à ce moment, elle ne trouve pas encore beaucoup de lait, mais il paraît que si cette première têtée se passe bien, l'allaitement en est facilité. A. par contre, a un peu du mal. L'infirmière lui montre, ainsi qu'à sa Maman, comment s'y prendre, mais elle s'assoupit un peu.

Il est environ huit heures et il règne une ambiance étonnament apaisée, après le tourbillon de l'accouchement. Je passe les premiers coups de téléphone à la famille. Je ne me rappelle pas ce que j'ai dit, mais sans doute rien à la mesure de l'évènement. Je descends dix minutes à l'entrée de l'hôpital où mes parents et mon frère attendent depuis des heures. L'hôpital a fermé ses portes pour la nuit et ils sont un peu esseulés dans le hall. On s'embrasse, on est heureux, un peu hébétés, on s'aime. Malheureusement ils ne peuvent pas monter encore. Je remonte.

Mes filles ne pèsent pas très lourd, 2,5kg pour A. et 2,3kg pour G., moins que prévu à l'échographie. Du coup, leur glycémie est surveillée de près (on leur prélève de petite gouttes de sang en les piquant aux doigts) . Et malheureusement, pour G., ça diminue, en même temps que sa température. La pédiatre vient nous expliquer qu'il va falloir la mettre en couveuse même si elle ne l'inquiète pas trop. C'est quand même LA mauvaise nouvelle, le dernier écueil qu'on aurait voulu éviter, après la prématurité et la césarienne. On nous déménage vers la maternité avec A. pendant que G. monte d'un étage en néonatologie.

Heureusement, ce service permet l'accès aux parents à volonté. C'est mon Amour qui monte en premier et qui laisse un t-shirt à elle là-bas pour que G. sente l'odeur de sa Maman. On lui a mis une perfusion pour qu'elle ait du sucre. Toute sa petite main est enturbannée pour qu'elle ne puisse pas enlever le tuyau. Pendant ce temps, A. dort deux étages plus bas. Mon Amour et moi, nous voudrions tous les deux être aux deux endroits en même temps.

Wednesday, May 28, 2008

Vraies ou fausses ?

Mes filles ne se ressemblent pas tellement physiquement. L'une est plutôt brune, l'autre plutôt blonde. A. mesure un ou deux centimètres de plus que G. et elles n'ont ni le même visage, ni la même stature, l'une est plutôt du genre petite râblée et l'autre grande potelée. On peut donc en conclure que ce sont de fausses jumelles. Ce n'était pas une évidence au départ. Elles ne partageaient pas la même poche (elles sont bi-amniotiques), mais malgré cela, elles auraient pu être de vraies jumelles (homozygotes, c-à-d avec le même ADN), même si c'est un cas de figure plus rare. Elles ne se ressemblaient pas tellement à la naissance, mais même de vrais jumeaux peuvent différer pas mal à ce moment. Souvent l'un est plus petit que l'autre. Pour être totalement sûr, il faut faire un test génétique qui coûte apparemment dans les 500 euros... Par enfant, bien sûr.

Nous n'avons pas fait ce test. Finalement, ça n'avait pas beaucoup d'importance. Le seul avantage selon moi aurait été de ne pas devoir expliquer toutes ces subtilités à chaque fois qu'on nous demandait "si elles étaient vraies ou fausses". (J'ai résisté souvent à l'envie de répondre "Attendez, je vais les pincer pour vérifier... "). De toute façon, quand on fait des enfants, l'incertitude règne. Fille ou garçon ? En bonne santé ? Péridurale ou pas ? Vont-elles me ramener des latinos libidineux plein de chaînes ? En comparaison, la question "Vraies ou fausses jumelles" importait peu. Par contre, il y a une question que je n'oublierai pas de poser à l'éventuelle prochaine grossesse : "Combien y a-t-il de bébés ?"

Monday, May 12, 2008

Interactions


Etre un jumeau, ou une jumelle, ça signifie évidemment l'interaction permanente avec un autre bébé. Mes filles interagissent de bien des manières différentes.

J'adore certaines de ces interactions. D'abord, le matin, en attendant qu'on vienne les chercher dans leur lit, souvent chacune se lève pour apercevoir l'autre, debout elle aussi de l'autre côté de la chambre, et pour lui faire des signes. Je les retrouve parfois hilares, ayant jeté toutes leurs peluches par terre. Ca me met de bonne humeur instantanément. Dans le même genre, j'adore quand dans la voiture, elles se penchent en avant pour voir l'autre dans le fauteuil d'à côté et que ça les fait rire. Ensuite, je fonds aussi quand elles se mettent à chantonner en coeur dans la poussette, sur un ton incantatoire tout doux: "taaaa taa taaaa taa taaaa taa". Dernièrement, je les ai même vu se mettre à danser ensemble quelques secondes. Enfin, elles s'échangent souvent des objets délicatement. C'est adorable.

Evidemment, là, je me dois de préciser que la délicatesse manque parfois à l'appel, et j'en arrive donc à penser aux interactions plus difficiles à gérer, qu'on peut d'ailleurs classer en ordre décroissant de délicatesse : arrachage d'objets, arrachage de nourriture, bousculade, piétinement, tirage de cheveux, coups, et finalement, coups avec objets contondants (allant de la peluche à la fourchette, en passant par mon téléphone portable). La plupart de ces problèmes surgissent parce que souvent l'intérêt de l'une pour un objet suscite l'intérêt de l'autre. On a beau avoir les peluches en double, des balles quasi identiques, ou des galettes de riz à l'envi, souvent mes filles veulent la même chose. A elle deux, elles sont déjà très grégaires, en fait.

Pourtant, je pense pouvoir dire qu'elles sont moins enclines à la jalousie que d'autres bébés. J'ai remarqué récemment qu'elles n'étaient pas jalouses quand je prenais un de leurs petits cousins dans mes bras. Pourtant, je constate que les parents d'enfants uniques qui prennent une de mes filles dans les bras sont souvent confrontés aux râleries de leur bébé. Toute mauvaise foi mise à part, il faut dire que ça doit faire mal de voir dans les bras de sa Maman un enfant tellement plus beau que soi.

Wednesday, April 30, 2008

Anecdote (1)

Il y a quelques jours, en arrivant à la crèche, j'ai découvert qu'une de mes filles avait un gros bleu sur le front. Pour une fois, c'était A. et pas G. qui avait pris des coups. Il faut dire qu'elle est nettement moins casse-cou et qu'elle ne marche pas encore.

J'ai demandé à la puéricultrice ce qui s'était passé. Elle m'a dit qu'un autre enfant l'avait frappée avec un jouet. Elle m'a expliqué qu'un des innombrables points du règlement interdit aux gardiennes de révéler l'auteur des faits dans un cas comme ça. Je me suis mis à imaginer qu'on me soupçonnait de vouloir crever les roues de la poussette du petit agresseur.

En fait, il s'avère que ce serait vraiment problématique pour moi, vu que la puéricultrice a alors rajouté : "Mais bon, à vous, je peux bien vous le dire vu que c'est sa soeur qui l'a frappée".

Tuesday, April 29, 2008

Tellement Belles (3)



Elles ont 13 mois sur cette photo. On voit encore un peu la trace de la bosse sur le front de A. à gauche, ainsi que son oeil au beurre noir à sa droite. A gauche, c'est son angiome qui par ailleurs se voit de moins en moins.

Friday, April 25, 2008

Boum !

Nous sommes partis en vacance récemment. Les vacances, c'est à la fois agréable, parce qu'on change d'endroit, et inconfortable, parce qu'on change d'endroit.

On était un peu tendu, suite à la cohabitation non stop avec mes parents pendant une semaine. On les apprécie vraiment, mais bon, à notre âge, on a perdu l'habitude d'avoir nos parents qui vivent avec nous, et eux n'ont pas tout à fait perdu l'habitude de nous surveiller, de nous materner.

En fait, je cherche des excuses, mais ce n'est pas vraiment la faute de tout ça si j'ai failli tuer ma fille. Je l'ai simplement perdue de vue quelques secondes, pendant que je la changeais sur un lit d'adulte. En fait, mon Amour et moi, on s'engueulait un peu, pour une bêtise: elle avait collé du papier collant sur le mur de l'appartement de location, pour empêcher la lumière d'entrer dans la chambre allouée à nos filles, et forcément, ça allait laisser des traces. J'ai regardé le mur dix secondes, mais ça a suffi à G. pour se retrouver la tête la première sur le parquet. Je n'ai évidemment pas vu comment c'est arrivé.

Je n'oublierai sans doute jamais l'horrible "Boum !" qui a empli la pièce. Elle s'est mise à pleurer tout de suite, ce qui, je l'ai appris plus tard, était une bonne nouvelle. Dans un cas comme ça, il faut emmener le bébé aux urgences, pour vérifier que tout va bien. Evidemment, comme nous n'étions pas chez nous, nous ne savions pas où aller. Du coup, nous avons plutôt échoué pour le traitement "en urgences". Il nous a bien fallu une heure pour arriver à l'hôpital.

Heureusement, entretemps, G. avait arrêté de pleurer, et elle rigolait dans la voiture. Aux urgences, on se serait presque senti ridicule avec ce bébé rigolard qui marchait dans tous les coins, ou jouait bruyamment avec des cubes, si ce n'était cet énorme oeuf de pigeon qui lui poussait sur le front. La jeune docteur qui nous a vu nous a dit ce qu'on savait déjà : qu'elle avait l'air en forme. Elle a rajouté que le fait qu'elle n'ait pas perdu connaissance après la chute était une bonne nouvelle, mais qu'il fallait quand même la surveiller pendant 24 heures, en la réveillant toutes les deux heures pour voir si ses pupilles gardaient la même taille et si elle ne somnolait pas trop. Bon, pas sûr que j'aie bien compris ce que veut dire "somnoler trop" pour un bébé à 3h du matin, mais on s'est bien réveillé toutes les deux heures. De toute façon, je culpabilisais tellement que s'ils m'avaient dit de faire le poirier toutes les vingts minutes, je l'aurais fait.

Après vingt quatre heures, G. ne montrait toujours que de bons signes et on a recommencé à respirer. Sa bosse s'est lentement muée en oeil au beurre noir, qui m'a rappelé pendant bien deux semaines mon incompétence parentale. Depuis, plein de parents m'ont raconté les horribles histoires de chute de leurs enfants, que ça soit de tables à langer, de mobylettes, à travers des vitres ou encore dans des escaliers, pour bien me montrer que "ça arrive à tout le monde", mais je ne crois pas que je serai un jour tout à fait remis.

C'est tellement fragile un bébé.

Monday, March 24, 2008

Etre père de jumelles, c'est ....

Etre père de jumelles,pour moi, c'est notamment :

  • savoir ouvrir les portes avec les pieds, parce que j'ai les bras trop chargés;

  • avoir mal à la hanche droite, à force de marcher avec un bébé au flanc;

  • tenter de faire des photos du duo tous les jours, sans toujours beaucoup de succès, vu qu'elles partent souvent de deux côtés opposés;

  • ne plus pouvoir me passer de mes parents et beaux-parents (merci à eux !!!!!);

  • sourire tout seul dans mon bureau en me rappelant le bain de la veille, où l'une arrosait l'autre avec un gobelet orange;

  • soupirer à l'idée que vu notre actif, on a plus de chance d'avoir des jumeaux qu'un autre couple, ça promet pour la suite;

  • reprendre l'apprentissage de la guitare, pour leur chanter des chansons;

  • renoncer à partir travailler à l'étranger;

  • être promu instantanément, vis-à-vis notre entourage, au statut d'expert en parentalité;

  • rêver de l'époque lointaine où je faisais des siestes pour récupérer;

  • m'extasier devant la Maman formidable que j'ai a la maison;

  • lire un livre sur le sommeil de l'enfant, et être passionné;

  • écrire un blog pour partager mon expérience et leur laisser des impressions de leur enfance;

  • manquer un peu d'intimité avec mon Amour;

  • avoir déménagé en catastrophe, parce qu'on allait pas monter trois étages à pied avec un bébé dans chaque bras;

  • savoir porter un bébé dans chaque bras, et conséquemment, attraper des épaules hyper musclées ;

  • découvrir l'univers merveilleux de la crèche;

  • voir plus souvent le pédiatre que ma grand-mère;

  • savoir changer un lange en 20 secondes chrono et habiller un bébé qui danse la gigue;

  • me sentir super en forme quand je dors jusqu'à 8H30;

  • attirer les regards curieux dans la rue (heureusement, uniquement quand je pousse la poussette, sinon, ce serait inquiétant);

  • avoir des taches sur mes vêtements;

  • étendre des lessives à 23H30 dans leur chambre, pour qu'il fasse bien humide;

  • faire des opérations commandos dans les magasins : débarquement, intervention et extraction en moins de deux minutes;

  • acheter une voiture plus grande;

  • vouloir gagner plus d'argent, pour plus de sécurité;

  • classer les personnes qui nous entourent selon un nouveau critère : leur amour des enfants

  • avoir le coeur serré d'entendre une grosse toux en provenance de leur chambre;



Mais surtout, c'est ma plus grande fierté.

Monday, March 17, 2008

Objets


L'arrivée de mes jumelles a introduit toute une série d'objets dans ma vie. La plupart sont adorables et colorés et leur simple vue me met souvent de bonne humeur mais je me serais bien passé de certains dont, en tête de liste, les flapules de sérum physiologique, qu'on leur vide énergiquement dans le nez deux fois par jour (on pousse dans une narine, et ça ressort par l'autre, hmmmm, appétissant) et de manière plus générale, tous les médicaments que nous sommes obligés de leur faire ingurgiter. Ensuite, les tables à langer (nous en avons deux), qui non seulement prennent de la place, mais sont synonymes de bébés énervés, de caca sur les doigts (les miens, les leurs, ....) et de thermomètres introuvables. Enfin, les sièges autos, onéreux et lourds. Impossible d'ailleurs d'utiliser les places arrière pour autre chose. On trouve les lits pliants dans cette même catégorie des objets qui vous cassent le dos, et les doigts.

D'un autre côté, j'apprécie beaucoup les doudous de mes filles (voir photos). Nous trimballons la fraise de A. et la feuille de G. partout avec nos filles. Toutes les deux, elles s'en saisissent avant de dormir, les plaquent sur leur nez tout en collant leur pouce en bouche, et se tournent sur le côté pour une bonne nuit de sommeil. Un spectacle tout à fait réjouissant. Cependant, cela ne va pas sans inconvénient : jusqu'à dernièrement, j'avais l'impression qu'elles pourraient encore facilement se passer de leurs peluches, mais un soir, en allant chez ma belle-mère, je les ai oublié et A. a hurlé pendant une heure et demie avant de s'endormir. J'ai ensuite été tellement traumatisé par les sanglots qu'elle continuait à produire en dormant, que j'ai fait 50 km de voiture pour lui ramener sa fraise adorée. Moi qui me prenais pour un écologiste. Je suis effaré de voir à quel point mes filles peuvent être dépendantes d'un objet. Du coup, on a acheté un deuxième exemplaire de chaque doudou, que nous stockons par sécurité dans la voiture, qui en général, nous accompagne en déplacement ...

D'autres objets me réjouissent et me font fondre de tendresse : les vêtements (bodys rayés, salopettes en velours, robes à fleurs, pyjamas ornés d'animaux), les jouets de bain (notamment, nos petits lapins à bouée), les chaussons (Bobux roses avec une fleur pour A., marrons avec plusieurs petites fleurs pour G.) , les bonnets (surtout les péruviens), et enfin, les livres. Pour ces derniers, un petit bémol quand même, je les aimais mieux avant de connaître par coeur des pages entières de textes aussi transcendants que "Pour qui ce petit bisou ? C'est pour toi ce petit bisou !".


PS : les doudous, on peut les acheter ici.

Monday, March 10, 2008

Crèche


Nous avons la chance d'avoir trouvé deux places dans une crèche très facilement. Evidemment, s'y prendre presque 10 mois avant la date d'entrée, qui en plus tombe précisément en septembre, quand pas mal d'enfants s'en vont à l'école, ça aide.

Honnêtement, je ressens beaucoup de gratitude envers notre commune, qui offre de tels services publics, à des prix raisonnables, et d'une telle qualité. J'éprouve aussi beaucoup d'affection pour le personnel, dévoué, souriant, accueillant. Je les apprécie à toute leur immense valeur.

Bon, maintenant que c'est bien établi, passons aux sarcasmes.

Tout d'abord, parlons de nos trois puéricultrices elle-mêmes.

D'abord, il y a la froide. Elle, quand elle vous accueille le matin d'un "Et elles vont bien aujourd'hui", on se surprend à bafouiller des trucs du genre "Oui, oui, très bien, pas de fièvre, pas de diarrhée, elles sont de bonne humeur, et vraiment, vraiment, désolé si hier, A. avait le nez coulant, c'est promis, ça n'arrivera plus." Je crois qu'au fond, elle est sincèrement intéressée, mais le ton titille ma culpabilité parentale. Au début elle me donnait l'impression qu'on essayait de leur filer de dangereuses bombes à microbes, histoire d'extorquer quelques honteuses heures de travail, ou encore pire, de relâche.

Ensuite, il y a l'exubérante qui vous reçoit un soir sur deux par "Oh Papa, Oh, Paapaa, aujourd'hui, c'était terrrible". Affolé, je suis déjà en train de me demander de qui ma fille a crevé les yeux. "Elle a râlé, mais alors rââlé, au moment du goûter. Je n'ai jamais vu ça". Bon, la première fois, ça impressionne, mais finalement, on s'habitue à cette petite tendance à l'exagération. N'empêche que quand elle nous avait dit après les deux ou trois premiers jours de crèche "Qu'on pensait que ça irait mieux", ça manquait un peu de diplomatie vis-à-vis de nos petits coeurs déchirés.

La dernière, notre préférée, est aussi bigleuse qu'épuisée par son tout petit à elle, dont elle s'occupe le soir, après les nôtres. Son tic amusant : sa manie du bricolage. Dessiner des Titis (celui qui va avec Grosminet) partout, fabriquer des bougeoirs en pot de yaourt pour la fête des mères (avec des Titis dessus), des cartes de voeux artisanales(avec des Titis), etc. Allez savoir pourquoi, je pense qu'elle est derrière le changement de nom de la section qui désormais s'appelle ... "Les Titis".

Parlons maintenant des petites nuisances.

Tout d'abord, il faut des certificats médicaux pour un rien: par exemple, votre enfant fait 38,6 deux fois de suite, alors que la limite autorisée est à 38,5. Eh bien, il faudra une attestation du médecin pour qu'elle puisse revenir, même si vous, vous n'avez pas constaté de température. Un médicament à donner, hop, attestation médicale. Malheur à vous si vous n'êtes pas allé voir le pédiatre ou qu'en gros inconscient, vous avez oublié de lui demander TOUTES les attestations, certificats, ordonnances et autres cachets de la poste.

Ensuite, il y a les petites remarques du soir dont le souvent répété : "Elles sont fatiguées, 9H, c'est long pour elles". C'est du même tonneau que la pédiâtre qui vous dit "Ce serait bien qu'elles n'aillent plus à la crèche". Ca me donne l'impression que travailler, c'est une mauvaise habitude dont il faut que je me débarrasse.

Tout un poème aussi : le local à poussettes et les portes. Vraiment, j'adore fouiller un local exigu bourré de poussettes pour retrouver la nôtre renversée, l'extirper à bout de bras et ensuite coincer dix fois mes roues dans les portes et les ascenseurs. Et même pas le droit de me plaindre. Les autres parents, qui les pauvres n'ont qu'un enfant à la fois, n'ont eux même pas le droit de venir avec leur poussette jusqu'à la section. Remarquez bien qu'eux, ils ne doivent pas non plus habiller un bébé pendant que l'autre râle dans les bras d'une puéricultrice harassée dont l'irritation commence à poindre.

Enfin, la nuisance la plus surréaliste : les fêtes obligatoires. A deux occasions déjà, nous avons été conviés à de petites fêtes à la crèche "pour mieux connaître le personnel et les autres parents". Pourquoi pas. Notre présence n'est pas obligatoire, mais si nous ne pouvons pas assister à la fête de 16H00, il faut venir chercher les enfants avant. Tout un concept.

Tuesday, February 26, 2008

Un an


Joyeux Anniversaire à mes deux adorables Choupettes !

Je leur ai acheté un tambour et une boîte à musique à manivelle qui joue "Pour Elise". Elles ont eu une bougie chacune, sur la même banane. C'était une fête très réussie !

Un an déjà... C'était bien.

Monday, February 18, 2008

Les chaînes du quotidiens


Tous les jours, il faut se lever, donner les biberons, changer les couches, habiller, emmener à la crèche, donner le bain, chanter une chanson, lire un livre. En soi, ces activités ne sont pas désagréables, c'est souvent même le contraire. Le problème, c'est que comme père, j'ai perdu le choix de les faire ou pas. Etre parent, ça ne s'arrête jamais. En outre, le rythme est imposé. Plus question de vraiment improviser. L'heure, c'est l'heure.

En fait, rien de vraiment nouveau: quand j'ai fini mes études et que j'ai commencé à travailler, j'ai aussi énormément perdu de liberté, notamment dans l'emploi de mon temps. La différence, c'est que maintenant, j'ai quelqu'un à rendre responsable: dans mon cas, deux petites filles. Pourtant, elles n'ont rien demandé.

Le problème, finalement, c'est que je voudrais toujours tout faire. Avoir des enfants, mener une carrière, m'amuser, mais aussi pratiquer des activités épanouissantes, comme jouer d'un instrument, apprendre une langue, me perfectionner dans mon boulot, vivre plein d'histoires d'amour différentes.

Mais j'ai fait des choix, et à chaque décision, ma liberté s'est réduite. Parfois, il faut que je me rappelle que c'est bien moi qui ai choisi, tout à fait librement, d'avoir des enfants, ou de me lier à mon Amour, et qu'en plus j'ai de la chance, qu'elles sont toutes les trois belles et adorables, que plein de gens aimeraient avoir ma vie. En fait, je ne voudrais pas autre chose, mais ça ne ferme pas pour autant complètement mes yeux sur les inconvénients et les contraintes. Et maintenant, j'écris tout ça, parce que ça me force à prendre du recul, à oublier un peu la fatigue, les pleurs, et une certaine lassitude, à voir ma vie comme un étranger. Je suis assez convaincu que de ce point de vue là, je suis enviable. Et ça fait du bien.

Bon, évidemment, si vous vouliez de la vraie philosophie de qualité, il aurait mieux valu lire du Kant.

Monday, January 14, 2008

Accouchement (3)

Vers midi, on nous déménage vers la plus grande de salles d'accouchement, où on peut caser tout le personnel nécessaire. A peu près à ce moment, la gynéco, qui passe régulièrement, décrète que mon Amour peut recevoir une péridurale. Après un milliardième de seconde d'hésitation, elle choisit de le faire. C'est bien joli, l'accouchement naturel, mais nom d'un chien, ça fait trop mal. Malheureusement, après la décision, nous attendons presque une heure avant le passage de l'anesthésiste. Ca semble une éternité, vu que mon Amour souffre et qu'on sait que ça pourrait s'arrêter plus vite.

La piqûre elle-même est paraît-il impressionante, mais comme j'offre mon épaule à Mon Amour pour poser sa tête, je ne vois pas la base de son dos. Tant mieux. Après ça, rapidement, la douleur cesse. Commence alors une période un peu étrange : régulièrement, la gynéco passe et nous annonce une ouverture plus grande du col, alors que future Mère de Jumelles ne sent presque plus ses contractions. Le calme revenu nous permet de discuter calmement, de mettre un peu de musique douce. Je trouve même l'envie de filmer et photographier un peu (rien de gore, je vous rassure). Vers la fin, nous stressons quand même à cause du monitoring foetal placé sur la tête de A. Pendant les contractions, son rythme cardiaque diminue parfois un bon coup. Si ça baisse trop, une infirmière vient rapidement faire bouger mon Amour, pour essayer de trouver une position moins propice à la soufrance foetale. (Encore une horrible expression.) Vers 16H00, notre gentille gynéco interrompt mon coeur pour quelques battements : "Col presque entièrement ouvert. Dans une demi-heure, on y va". On pourrait presque dire qu'on n'a rien vu venir.

Après à peine quelques baisers d'encouragement, une petite troupe médicale débarque. Finalement, je m'en fiche. Je suis content qu'il y ait tant de gens pour aider mon amour, pour nous aider. Je me cache derrière la tête du lit, afin de ne gêner personne et de tenir les mains de mon Amour.

Pour la suite, c'est presque comme dans les films, sauf que c'est nous : "Allez Madame, poussez, poussez!", "Je vois la tête", "Encore une bonne fois". A. naît vers 17H20, après avoir un peu souffert du passage, mais je préfère oublier ça. Dès sa naissance, je vois concrètement que ma vie sera désormais faite de dilemnes : dois-je rester près de mon Amour pour l'aider pour la suite, ou aller m'occuper de ma fille ? Je décide d'aller voir jusqu'à la table à langer, à trois énormes mètres de mon Amour, mon bébé qu'on pèse, nettoie, triture et finalement habille avec le body qu'on a soigneusement préparé ( celui avec des petites lunes ). Je la prends dans mes bras pour la première fois. Elle est toute petite, un peu gluante et a une peau bizarre. C'est ma fille.

Ensuite, je retourne partager mes impressions avec mon Amour. Je lui affirme que sa fille est très belle. Le pire, c'est que je suis sincère. A peu près à ce moment, notre beauté se met à pleurer et la gynéco s'exclame "Elle a un beau cri". Si elle le dit, c'est que je peux en être fier, c'est quand même une experte. J'en suis donc très fier.

Il reste une angoisse importante: si depuis des semaines, A., en bon petit soldat, avait mis sa tête vers le bas, G. est toujours en transverse. Une césarienne est donc toujours possible malgré cette première naissance par voie basse. Ca fait des semaines qu'on croise les doigts pour que ça n'arrive pas. Il faut croire que ça sert, parce qu'avec l'aide de quelques poussées sur le ventre, A. prend la direction de la sortie, et dans le bon sens s'il vous plaît. Déjà nous l'aimons très fort !

Notre deuxième choupette naît en très peu de poussées, un gros vingt minutes après sa soeur. Ma première impression est similaire : gluante, incroyablement petite, et avec une drôle de peau. C'est ma deuxième fille. En vingt minutes.

Tuesday, January 1, 2008

Les gens qui n'ont pas d'enfants.


Les gens qui n'ont pas d'enfant ne sont pas comme nous. A leur intention, voici une liste, de choses à ne pas faire dans la vie:

- Nous dire qu'ils sont débordés, ou fatigués. Il faut oser, surtout s'ils évoquent ensuite cette nouvelle super série en 22 épisodes de 40 minutes qu'ils ont regardée sur le week-end.
- Nous proposer des activités impossibles. Par exemple, un resto de deux heures à cinquante kilomètres de chez nous, avec un rendez-vous à 19H00, précisément à l'heure des biberons. Ou encore, cinq heures au salon du bien-être. Je n'éprouve guère d'impatience à l'idée de changer la couche débordante d'un bébé énervé sur le stand d'une école de yoga ayurvédique.
- Dans un genre similaire, nous inviter chez eux en nous disant qu'ils seront ravis de voir nos enfants, qu'il n'y a aucun problème, qu'ils l'ont déjà fait, alors qu'il n'y a ni micro-ondes, ni bain, ni surtout de chambre isolée du bruit. En résumé, il faudrait tenter de comprendre VRAIMENT la question "Il y a tout ce qu'il faut ?".
- Parler de notre progéniture comme de plantes vertes ou des animaux : "Ca pousse ? ", "Et à cet âge là, ça mange quoi ? ".
- Tenir nos enfants comme des sacs de pommes de terre (quoi que, c'est parfois touchant), ou les laisser se fracasser la tête sur le carrelage (ça, ce n'est jamais touchant).
- Parler uniquement aux adultes. Nos enfant sont un peu moins cultivé que le quidam moyen, définitivement plus gluants, mais malgré tout dignes d'une certaine considération.

Bon, j'ai un peu caricaturé, mais à peine. Dire qu'avant, j'étais sans doute un peu comme ça. Enfin, je suis quand même sûr que j'avais un meilleur potentiel parental que ce collègue qui m'a dit récemment :"Moi, au fond, j'aimerais être un homme du dix-neuvième. Si jai des enfants, j'aimerais ne pas leur parler avant leurs dix-huit ans, avant, ce sont un peu des animaux".

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